Grandir en guerre
Dans la petite ville de Collioure, pourtant bien loin de l’Allemagne, la crainte du nouveau régime mené par Adolf Hitler est plus que présente. Les rumeurs sur les volontés expansionnistes du Führer effraient les habitants de la ville, qui vont pour la plupart essayer de fuir la France. Lorsque la guerre éclate en 1939 P’tit Louis n’a alors que 18 ans. Comme beaucoup, il essaie de fuir en s’embarquant sur un bateau à Port-Vendres, afin de rejoindre le Maroc, mais il n’y parvient pas.
La vie sous Vichy
N’étant pas encore majeur, Louis ne participe pas aux affrontements de 1940 face à l’Allemagne. La défaite éclair de la France place Collioure et sa région sous l’autorité du régime de Vichy. Un gouvernement autoritaire que Louis a ressenti dans les changements politiques de la ville. En effet, la ville, traditionnellement de gauche, se voit imposer un maire fidèle au Maréchal Pétain.
Ayant atteint l’âge de 21 ans, P’tit Louis désormais majeur doit participer aux « chantiers de jeunesse » institués par le Maréchal Pétain. Une formation qui remplace le service militaire et qui a pour but de « redresser » la jeunesse.
Engagement sur un cargo de commerce
Lorsqu’il arrive au bout des 8 mois imposés par les chantiers de jeunesse, Louis Baloffi part directement s’engager dans la marine. Voulant éviter les affrontements armés, il s’engage à Marseille à bord du Lorrain, un cargo de commerce parcourant la Méditerranée.
C’est donc en tant que marin de la marine marchande que P’tit Louis va vivre le débarquement des forces alliées en Afrique du Nord. Durant cet événement, le Lorrain est forcé à accoster par des croiseurs américains. Par la suite Louis Baloffi est enrôlé en tant que canonnier sur le navire de guerre le Jeanne d’Arc. C’est sur ce même navire que Louis participe au transport du gouvernement provisoire d’Alger jusqu’à Cherbourg en 1944. Ainsi il a participé à son échelle, à la restauration de la république française.
Le retour au foyer
Après de nombreuses années passées loin de Collioure, Louis revient enfin chez lui après l’armistice de 1945. En raison de la guerre, énormément de jeunes ont quitté la ville et se sont éparpillés dans des endroits divers.
Le retour au pays est heureux car, comme en témoigne P’tit Louis, aucun des jeunes qu’il connaissait n’est tombé durant le conflit. Pour fêter leur retour, une grande fête a lieu à Collioure afin de célébrer ce grand événement.
D’une guerre à l’autre
La fin de la Deuxième Guerre Mondiale et la libération de la France sont des événements sans précédent des années 40. S’en suit une période de paix pour le territoire français. Une paix qui est rapidement troublée par les fortes tensions sur les territoires coloniaux de la France. En particulier, la guerre d’Algérie éclate en 1954.
Rejoindre la mer
Revenons aux festivités de 1946 qui ont lieu à Collioure. Louis Baloffi profite de retrouver sa famille qu’il n’avait plus vue depuis son engagement. Cependant il ne passe que quelques mois dans sa ville natale et décide de reprendre la mer. Il s’engage donc pour une compagnie de fret et transport de passagers et intègre ainsi la marine marchande.
Il exerce ce travail de 1946 à 1962, allant de Djibouti à Saïgon en passant par Alger. Louis réalise de nombreuses escales au Maghreb et en particulier à Alger où il a l’habitude de descendre avec ses collègues marins. La guerre a évidemment changé cette habitude et les marins même n’étant pas militaires ne sont plus en sécurité. C’est d’ailleurs cette insécurité qui amène Louis à quitter ce travail en 1962. Un événement l’a en effet marqué : la mort d’un de ses amis lors d’un attentat à la bombe sur un des bateaux.
Interview M. Baloffi sur sa retraite de la marine:
https://youtu.be/i8BCgJztE58
Retour aux sources
En ayant assez d’être loin de chez lui, P’tit Louis revient définitivement à Collioure en 1962 après en avoir été éloigné pendant 21 ans. Dès lors il fait le choix de revenir à son premier métier, la pêche.